Le format RAW: kézaco?
Vous en avez forcément tous entendu parler: «Ben tu vois, moi, je shoote tout en RAW.» Cette déclaration, un rien suffisante, est dans presque toutes les conversations ayant trait à la photo. Alors que la majorité des utilisateurs lambda peine à comprendre ce qu'est réellement un jpeg, voilà que cette appellation curieuse de RAW vient se mêler de la conversation... Quelques éclaircissements sont vraiment nécessaires!Le format jpeg (Joint Photographic Expert Group)
Tous les appareils numériques sont réglés pour produire, par défaut, du jpeg. C'est LE format universel par excellence, celui qui est reconnu par quasiment tous les ordinateurs de la planète, et c'est celui qui, très probablement, aura le plus de chances d'être encore lisible dans 20 ans ou plus. Universel, compact, pratique, le format jpeg n'a qu'un défaut: il est codé sur 8 bits et ne laisse, de ce fait, que très peu de latitude quand à la retouche en postproduction. Doté en outre d'un algorithme de compression destructif, il n'autorise pas de multiples retouches successives sans se voir perdre, à chaque fois, une certaine quantité d'informations irrécupérables. Mais alors, pourquoi est-il si populaire? Tout simplement parce que les appareils modernes sont capables, désormais, de produire des jpeg d'excellente qualité sans avoir (ou presque) besoin de passer des heures sur ordinateur afin de les retoucher. Et aussi parce que ce format a bénéficié, tout au long de son existence, de progrès considérables notamment au niveau des algorithmes de compression... Il n'y a plus rien à voir désormais entre un jpeg produit par un Nikon D100 par exemple et un autre, produit par un D800 aujourd'hui...
Le format RAW: un format numérique sous forme de négatif
Ce format, accessible sur quasiment tous les boîtiers numériques (sauf quelques compacts) peut être vu comme un «négatif numérique». Les données (souvent codées sur 12 ou 14 bits), au lieu d'être traitées par le boîtier et enregistrées sur la carte mémoire, sont enregistrées directement sur la carte sans être traitées. Elles sont donc brutes, et les réglages que vous aurez spécifiés sur votre boîtier seront enregistrés dans ce format sous forme de métadonnées modifiables après coup... Mais ce négatif numérique devra, pour être exploitable, être ouvert dans un logiciel dédié, comme Camera Raw d'Adobe, par exemple. L'utilisateur sera donc amené à régler la balance des blancs, la netteté, la colorimétrie, la dynamique, la récupération éventuelle des hautes lumières, le débouchage des ombres, le bruit numérique, etc. Tout le monde en est-il vraiment capable, et tout le monde possède-t-il un ordinateur dont l'écran est suffisamment bon pour produire une photo correcte? Pas sûr!!!
Ne vous laissez pas tenter par les sirènes du RAW, et si vous n'êtes pas directeur artistique d'une agence de mode, le format RAW ne vous apportera pratiquement rien de plus. Au contraire: bien plus lourd qu'un jpeg (entre 4 et 5 fois plus), il vous faudra stocker ces informations sur votre disque dur... et passer énormément de temps à «développer» vos RAW pour produire des jpeg que votre appareil, correctement réglé, aurait sans doute pu produire à votre place.
Bien sûr, il y aura des cas où le format RAW pourra être utilisé à bon escient, par exemple lors de prises de vues de sujets à fort écart de dynamique, comme certains paysages avec un ciel très clair et une partie beaucoup plus sombre. Là, de par le codage plus large du format RAW, des informations essentielles pourront être retrouvées dans les zones les plus claires alors que le jpeg les aura fait disparaître. Mais cela va vous arriver combien de fois, en réalité? Le mieux, dans ce cas, sera de choisir RAW + jpeg sur votre boîtier, ainsi vous aurez un RAW pour le travailler à tête reposée à la maison, et vous disposerez tout de suite d'un jpeg pour envoyer à vos proches ou pour le publier sur les réseaux sociaux, ou sur votre site internet.
Maintenant que vous savez ce qu'est un RAW, choisissez votre format en toute connaissance de cause!
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