Cette mystérieuse espèce a été citée en deux lignes par Marcel Bon dans le numéro 70-71 des Documents Mycologiques de 1988. Il est dit «non ou tardivement grisonnante, à l'étude». Nous avons retrouvé cette espèce dans une petite zone marécageuse au col du Pré (1703 m), dans le Beaufortain, le 17 septembre 2011 (leg. Danièle Bouveret, Bourg-en-Bresse). Un seul exemplaire non grisonnant, très mouillé à cause des fortes pluies tombées dans la nuit du 16 au 17. Les couleurs ne sont pas celles du type: rouge un peu différent, marge non rosée et enroulée, lames brunissantes par l'arête et brunissement de la base du stipe également mais en plus discret. Ce dernier montrait en outre une couleur rosée tout à fait inhabituelle pour cette espèce; Pierre-Arthur Moreau (comm. pers.), à qui nous avons fait part de notre découverte, nous a dit que ce caractère n'avait été observé par lui que sur deux ou trois exemplaires sur des centaines de récoltes de Russula vinosa. Sur le terrain, René Chalange et moi avons «séché», René penchant pour une xerampéline et moi pour une forme inhabituelle de viscida. La réaction au sulfate de fer étant beaucoup trop faible pour une viridantes, l'odeur typique du groupe n'y étant pas non plus, nous avons ramené cet unique exemplaire au Centre Azurèva à Arêches-Beaufort afin d'y mener une étude microscopique poussée. Notre surprise fut totale quand nous y avons trouvé une microscopie en tous points superposable au type de Russula vinosa! Spores à aiguillons isolés très fins et serrés, hyphes incrustées grossièrement par de grosses gouttes rougeâtres dans la fuchsine de Ziehl. Le noircissement propre à l'espèce type ne s'est manifesté que tard en soirée, et de façon très discrète. Nous sommes particulièrement reconnaissant à René Chalange d'avoir pensé à photographier cette récolte sur le terrain. Avec le recul, je me demande si cette russule ne pourrait pas être élevée au rang d'espèce, tellement elle diffère du type. Photo prise le 17 septembre 2011. Coordonnées GPS: 45,69250, 6,59382.