DOUANE DE CHANCY (SUISSE) - MARDI 29 MARS 2011 |
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Quelques soucis routiers... mais une sympathique petite sortie Organisée au dernier moment lors de notre dernière Conférence du Lundi, cette petite sortie avait pour but d'aller admirer la rare Isopyre à feuilles de pigamon (Isopyrum thalictroides). C'est votre serviteur qui, avec tout le temps libre dont il dispose, avait décidé de faire découvrir à d'autres un endroit peu connu des botanistes de la Chanterelle. Un petit matin bien frais, qui avait semé des myriades de gouttes de rosée sur la campagne... Après une pénible attente sur l'autoroute Annemasse-Saint-Julien, à cause d'un bouchon solide et résistant, quelques participants ont pu rejoindre Valleiry sans autres encombres. Seule manquait à l'appel une personne qui est arrivée, bien malgré elle et pour les mêmes raisons, en retard... Ce sera pour une autre fois! Dès notre arrivée près de l'ancienne douane de Chancy, nous pouvons nous garer en contrebas de la station d'Isopyres. Le brouillard vient juste de se lever, et nous remontons nos cols pour nous protéger de l'humidité. Les plantes sont bien là, et en nombre, mais leurs fleurs sont encore fermées. Cela ne nous empêchera pas de les admirer, et de noter leurs jolies fleurs blanches ainsi que leurs feuilles divisées et trilobées. Cette rare renonculacée ne se trouve à l'état sauvage qu'à cet endroit dans le canton de Genève, et la plante est bien sûr protégée puisque menacée d'extinction. Nous en profitons pour admirer aussi les derniers Erythrones dent-de-chien (Erythronium dens-canis), en grande partie défleuris, ainsi que les anémones sylvie (Anemone nemorosa), toujours bien présentes. Quelques mercuriales pérennes (Mercurialis perennis), gouets tachetés (Arum maculatum), pulmonaires molles (Pulmonaria mollis), ou encore scilles à deux feuilles (Scilla bifolia) se signalent à notre attention. Trop tôt pour les alliaires (Alliaria petiolata), qui ne montrent que leurs feuilles à odeur d'ail. Les polypores, très prompts à se regonfler à la moindre goutte d'eau, redeviennent souples, beaux et attirants, tels le polypore versicolore (Coriolus versicolor) – ci-dessous – ou encore l'auriculaire mésentérique (Auricularia mesenterica). Nous repartons en direction de La Laire, la rivière le long de laquelle j'avais prévu d'emmener mon petit groupe. Mais avant, nous nous arrêtons pour regarder avec plaisir la superbe potentille à petites fleurs (Potentilla micrantha). La ripisylve (forêt bordant un cours d'eau) recèle quelques plantes fort intéressantes, et si nous renonçons à mettre un nom exact sur les belles violettes que nous croisons (genre difficile...), nous pouvons sans aucun problème déterminer (ci-dessous) Adoxa moschatellina, curieuse plante qui forme de petits tapis bien élégants au milieu des anémones (A. nemorosa et A. ranunculoides). Bien sûr, nous rencontrons dans ces milieux la très courante renoncule ficaire (Ranunculus ficaria), véritable soleil des bords de cours d'eau. Plus loin, nous tombons en arrêt devant un ascomycète qui vient en troupes parmi les anémones sylvie: Dumontinia tuberosa, petite cupule au bout de son pseudorhize et de son sclérote souterrain. Toujours fidèle à ses stations, qu'il fasse sec ou humide... Les saules sont nombreux et en fleurs, mais nous ne sommes pas suffisamment calés en saules pour leur mettre péremptoirement un nom! Nous observons, dans le lit de la rivière, sur les galets, un petit groupe de cardères (Dipsacus fullonum) qui, bien qu'ayant séché et passé tout l'hiver debout, le sont encore...! L'Hellébore fétide (Helleborus foetidus) est là aussi, cachée dans la haie, et arbore ses superbes corolles bordées de pourpre. Nous débouchons alors dans une zone herbeuse, et nous entendons soudain les coups de feu du champ de tir tout proche. C'est bien ce que je craignais... Nous n'allons pas pouvoir faire la boucle que j'avais prévue, le chemin passant en bordure du champ de tir... Nous sommes attirés soudain par de petites fleurs blanches, parmi les herbes et les graviers... L'une se trouve être Erophila praecox, la drave précoce, tandis que l'autre, plus grande, mais faisant partie de la même famille des Brassicacées, est la cardamine hirsute (Cardamine hirsuta). Plante répandue mais vraiment superbe, la corydale à bulbe creux – ou saint-Jean – (Corydalis cava) fait l'admiration de ceux qui ne s'étaient pas encore penchés dessus! Pas besoin de la déterrer pour contrôler le bulbe: sa typique bractée entière suffit! Nous arrivons finalement en vue du champ de tir et nous décidons prudemment, tellement les coups de feu sont nombreux et bruyants, de faire demi-tour. Mais avant, nous prenons le temps d'immortaliser cette belle géraniacée qu'est l'érodium bec-de-grue (Erodium cicutarium). Discret quand il vient sur terrains pauvres, il attire l'œil tout de même avec ses jolies fleurs rose tendre. Nous repartons par le même chemin, et après avoir ôté polaires, vestes ou pull-overs – le soleil commence à bien chauffer! – nous retrouvons nos véhicules. Cette petite matinée nous aura permis de consolider nos connaissances botaniques et de découvrir, pour certains, un endroit fort intéressant où il faudra revenir bientôt. Nous choisirons alors un jour où les militaires auront quelque chose d'autre à faire ailleurs...! Merci aux sympathiques participants! © Photo: Laurent Francini
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