BEAUFORT-SUR-GERVANNE (DRÔME) - MAI 2012 |
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Un séjour botanique de grande classe! Superbement organisés par nos amis de Divonne – Jean-Louis et Françoise Mugnier et leur staff en tête – ces quatre jours passés à Beaufort-sur-Gervanne, près de Crest, dans la Drôme, ont tenu toutes leurs promesses. Le beau temps a régné sur la région et, malgré quelques bourrasques samedi et dimanche, les nombreux participants ont pu herboriser dans de superbes biotopes, à la recherche – en priorité! – des orchidées si diverses et si spectaculaires du département de la Drôme. Nous arrivons jeudi 10 mai vers 11 h 30 à Beaufort-sur-Gervanne, où nous devons nous retrouver tous ensemble pour déjeuner. Le village est calme, tranquille, l'Hôtel du Midi est accueillant et ses hôtes fort sympathiques. Toutes les chambres nous sont réservées et elles portent toutes un nom de fleur, ce qui est vraiment de circonstance! Le déjeuner se passe en toute convivialité et, déjà, nous sommes impatients de découvrir l'endroit grâce à nos guides Laurent et Christine qui y étaient venus en 2010. Quelques kilomètres avant d'arriver à Beaufort, une prairie parfumée par le thym nous accueille. En 2010, de beaux ophrys étaient présents, dont le rare Ophrys speculum (= O. ciliata). Malheureusement, ce dernier n'était pas fleuri, ce qui ne nous a pas empêchés d'admirer l'ophrys de la Drôme, Ophrys drumana (ci-dessus à droite). Nous prenons tout notre temps, le ciel est clair et l'endroit très agréable. Les papillons sont de la partie aussi, avec la mélitée du plantain posée sur un muscari à toupets (Muscari comosum). En bordure de moissons, nous découvrons cette jolie petite fabacée que nous déterminerons, une fois de retour à l'hôtel et grâce à nos monographies, Coronilla scorpioides. Le lendemain, une sortie – très attendue! – avait été programmée dans un des hauts lieux de l'orchidophilie mondiale: la combe Saint-Genis, près de Rochefort-Samson. Les GPS nous ont menés droit dessus, à la grande satisfaction de nos guides Laurent et Christine...! Cet endroit est grandiose et majestueux, entouré de montagnes et de falaises verdoyantes. Les orchidées ne tardent pas à se montrer, et les discussions vont bon train pour savoir de laquelle il s'agit. Pseudoscolopax ou pas? Hybride? Variation chromatique? Pas facile du tout, et ce n'est finalement qu'en tombant en arrêt devant de magnifiques Neotinea tridentata que nous arrivons à nous mettre d'accord. Nous avions prévu de passer la journée dans cette combe, et les orchidées sont assez nombreuses. Nous pouvons admirer avec enthousiasme les facéties de la nature, lorsque les hasards de la pollinisation créent des choses inouïes. Ci-dessus à gauche, Orchis bergonii, hybride entre Orchis anthropophora et Orchis simia. Jean-Louis Hugerot, tête pensante de notre groupe, immortalise tout ce qu'il voit avec grand talent. Mais lui devra attendre d'être rentré pour faire développer ses photos, car il n'est pas encore passé au numérique!!! L'heure du pique-nique arrive bientôt et grâce à Jean-Louis Mugnier, l'apéritif est tiré du sac. Nous ne transportons pas que des appareils photo et des livres de botanique! L'ombre bienvenue de quelques pins nous accueille et c'est dans la bonne humeur que nous nous restaurons avant de repartir à l'attaque! Les ophrys sont à l'honneur. Ci-dessus à gauche, Ophrys royanensis, hybride entre Ophrys insectifera et Ophrys drumana. A droite, voici ce que nous avons nommé sans grande conviction Ophrys aurelia. Un vrai spécialiste du genre serait bien utile! Qu'importe finalement, car nous sommes certainement très près de la vérité, et le plaisir des yeux s'accommode bien de quelques approximations...! Il ne faut bien sûr pas repartir sans admirer l'orchis de Provence (Orchis provincialis). C'est tout de même une bien belle orchidée! Sur la route du retour, nous nous arrêtons dans un petit endroit connu de nos seuls guides: La Vacherie, près de Léoncel. En contrebas de la route, il y a une station de Dactylorhiza sambucina, avec des hybrides entre les deux couleurs. Notre ami Jean-Louis est sceptique, car les couleurs des exemplaires rouges que nous observons rentrent, selon lui, dans la variabilité de l'espèce. Sans doute peut-il avoir raison! Nous en profitons néanmoins pour admirer d'autres plantes bien présentes, comme par exemple la variété colorée de l'Anthyllis vulneraria, la sous-espèce praepopera. L'aphyllanthe de Montpellier (Aphyllanthes monspelliensis), nous offre ses superbes corolles bleues. L'orchis sureau (Dactylorhiza sambucina), ci-dessus à gauche, peut avoir une livrée rouge ou jaune, selon les individus. Courant chez nous, notamment au plateau de Retord, il est cependant très rare d'observer des hybrides entre les deux couleurs. Ci-dessus à droite, une plante des bords de chemins ou des pâturages secs, l'astragale de Montpellier (Astragalus monspessulanus). Nous avions déjà observé en 2010 à cet endroit cette belle saxifrage, et nous n'avons pas résisté à l'envie de la photographier à nouveau. Il s'agit de Saxifraga granulata, caractérisée par son habitat dans les pelouses sèches et les poils gluants qui couvrent sa tige. Le lendemain samedi, nous repartons pour la journée dans un autre endroit que connaissent nos guides: la chapelle Saint-Jean près de Crupies. Lorsque nous arrivons, après avoir traversé Mirabel-et-Blacons et Bourdeaux, le temps devient menaçant et les nuages qui déchirent le ciel filent vers le sud, chassés par un vent du nord quelque peu frisquet. Cela va-t-il tenir au moins quelques heures? On le pense, car le soleil fait de belles apparitions durant la matinée. On pourra sûrement pique-niquer tranquilles! Les orchidées sont présentes aussi, toutefois avec un peu moins d'ophrys que prévu. Néanmoins, il nous est loisible d'admirer de bien jolies orchis militaires (Orchis militaris). Les prairies sont riches, et nous pouvons remarquer une élégante brassicacée: Iberis pinnata, avec ses pétales extérieurs plus grands et ses belles couleurs blanches, jaunes et violettes. Les déterminations vont bon train et c'est assis dans les pelouses que nous ouvrons nos livres de botanique. Même les poacées ne nous font pas peur! Pas besoin d'être grand botaniste pour reconnaître ces deux belles liliacées que sont Muscari comosum (le muscari à toupets) et Muscari racemosum (le muscari à grappes). Très nombreux, nous ne pouvons que les admirer et nous incliner devant ces vraies beautés qui méritent toute notre attention. La matinée s'achève doucement et nous découvrons encore avec plaisir Orchis purpurea, tandis qu'une petite fabacée à fleur très rouge attire notre attention. Il faudra attendre le soir et le travail concentré de trois acharnés pour mettre un nom dessus: Lathyrus setifolius. Et encore, la différence avec Lathyrus cicera ne saute pas aux yeux. Grâce à la gousse, nous confirmons – malgré quelques doutes résiduels – l'appellation de cette bien jolie gesse. L'heure du pique-nique arrive et c'est sous un ciel un peu plombé mais sans pluie que nous partageons vins et victuailles. L'après-midi se poursuivra sans que nous ayons à sortir le parapluie! Comme nous avions un peu de temps au retour de Crupies, nous nous mettons en quête d'un biotope à orchidées que nos guides avaient remarqué deux ans auparavant, cependant sans en avoir noté les coordonnées GPS. Mais après avoir tourné en rond aux alentours de Suze, sans succès, le groupe se disloque à Beaufort et, tandis que certains vont faire un peu de tourisme à Crest, d'autres décident de continuer la recherche. Arrivés à Egluy, nous parcourons un chemin de terre à la recherche de la fameuse chapelle, et nous y rencontrons opportunément un couple de promeneurs. Ceux-ci nous décrivent une autre chapelle, avec un cimetière devant, qui se trouve à une dizaine de kilomètres d'ici. Nous voici donc repartis direction L'Escoulin. Miracle! C'est bien ça! La jolie chapelle se trouve sur un promontoire, et nous nous engageons sur une route très étroite dont la pente effrayerait le moindre conducteur urbain. Mais ce n'est pas notre cas, et nous voilà bientôt sur les pelouses face à la chapelle. Malheureusement, nous avons beau chercher, les ophrys d'il y a deux ans ne sont pas là: les moutons ont tout pâturé...! Tant pis, nous notons cette fois les coordonnées exactes et nous y retournerons! Sur le chemin où nous avons rencontré les promeneurs, nous avons pu immortaliser deux plantes des talus secs: Helianthemum hirtum (à gauche) et une borraginacée nommée Onosma fastigiatum. Le lendemain dimanche, jour de retour... Nous ne quittons pas Beaufort-sur-Gervanne sans refaire un petit tour dans la prairie à thym, afin d'y admirer une dernière fois les ophrys et – pourquoi pas – d'y trouver peut-être Ophrys ciliata... Sans succès cependant. Nous repartons donc direction Gigors, puis le col Jérôme-Cavalli, Combovin et Chabeuil. Malgré un vent à décorner les bœufs, nous décidons de faire une halte au château de Crussol, à Saint-Péray (07), près de Valence. Jean-Louis Hugerot nous avait dit y avoir passé avant de venir et que quelques orchidées y étaient présentes. En effet, malgré la foule des touristes, nous avons pu voir de belles tiges fleuries d'orchis et d'ophrys. Après le pique-nique à l'abri du vent, un petit tour au sommet des ruines nous permet d'admirer la vue panoramique sur Valence. C'est bien à regret mais la tête remplie de beautés et de joie d'être ensemble que nous reprenons la route du retour. Nous reviendrons un jour en Drôme, si beau département où la science de la botanique trouve ici en mai son plein épanouissement. Merci à tous pour votre bonne humeur et votre enthousiasme! © Photo: Laurent Francini
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