«Allô Laurent, tu y vas ou non?»
«Ben oui, on allait justement partir!»
Cette brève conversation téléphonique a été le début d'une petite sortie qui a failli ne pas se faire. C'est Véronique qui, inquiète quant au temps, se fit le porte-parole des autres participants qui se demandaient s'il fallait vraiment aller se mouiller ce matin-là au plateau des Glières.
Parbleu! Ce n'est quand même pas quelques gouttes de pluie, au demeurant peu froide, qui allaient effrayer les myco-botanistes de la Chanterelle!
Après un rapide café chez Gautard, afin de regrouper les neuf participants dont notre myxomycétologue Hacène, nous voilà partis en file indienne direction la plaine de Dran. Nous connaissons le parcours par cœur, et nous savons presque au mètre près où chercher le fameux hygrophore. Premier constat: le retard de la végétation, pour une fin mai, est impressionnant. Quelques populages des marais (Caltha palustris), de timides Tussilages pas-d'âne (Tussilago farfara), de naissantes Renoncules à feuilles d'aconit (Ranunculus aconitifolius), des Homogynes des Alpes (Homogyne alpina) pas pressées de se mouiller les ligules et c'est à peu près tout, si ce n'est de bien belles et courageuses soldanelles des Alpes (Soldanella alpina) qui nous montrent un peu partout leurs belles corolles violettes.
Ça et là encore, quelques pétasites blancs (Petasites albus) attirent notre attention.
Nez à terre, tout le monde cherche parmi les mousses, les branches pourries, les tapis d'aiguilles. Bientôt, un cri fuse: «marzu!». C'est votre serviteur qui, le premier, trouve le fameux hygrophore. Quelques-uns parmi nous ne l'ont jamais vu sur le terrain, «en vrai». C'est donc l'occasion pour eux d'admirer cette parfaite hygrophoracée qui pousse lorsque tous les autres sont encore en sommeil!
Nous parcourons la plaine de linaigrettes sans manquer de farfouiller du côté nord, là où nous savons qu'il y a parfois de belles morilles noires! Mais rien cette fois...
C'est en fait Daniel qui, un peu plus loin en gravissant la pente, nous annonce une morille! Sachant l'oiseau facétieux comme pas deux, nous n'y croyons guère. «Parole» nous dit-il, et effectivement, une petite Morchella deliciosa vient d'être découverte au pied d'un épicéa. Aaaahhhh! Tout de même, il y a donc des morilles par ici!
Ce sera la seule de la sortie... mais qui nous vaudra tout de même l'apéritif de la part du récolteur!
Notre ami Hacène, lui, a disparu depuis bien longtemps quand on se retrouve en direction du restaurant. Nous ne nous inquiétons jamais, sachant qu'il aime bien fouiner seul parmi les brindilles pour découvrir ses fameux myxomycètes! «Pas un seul nival», nous dit-il avec une pointe de déception. «Même pas de Diderma, ni de Didimium»! Sa petite boîte renferme tout de même quelques beautés comme des Trichia et des Lamproderma!
Quelques fleurs, sur le chemin du retour, nous rappellent que la botanique fait aussi partie de nos sorties. Ici à gauche, Equisetum arvense, et à droite, Caltha palustris, emblématique des milieux humides.
Midi pile, arrivée chez Gautard où nous pouvons, tous ensemble, déjeuner en toute amitié. Il fallait aujourd'hui braver la pluie pour apprécier tout cela! Merci aux participants et à leur constante bonne humeur!