Un mot sur la sensibilité ISO |
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Lorsque l'on utilisait naguère un appareil photo argentique, on achetait ses pellicules en prenant garde à leur sensibilité en ASA. On demandait au vendeur, selon les conditions dans lesquelles on allait photographier, des pellicules 64 ASA, ou 100 ASA, ou 200 ASA, etc. Encore fallait-il savoir à l'avance ce dont on aurait besoin... Difficile! Aujourd'hui, ce concept a disparu, puisque pour chaque photo on peut changer la sensibilité de son capteur numérique. Quelle souplesse! On ne parle d'ailleurs plus d'ASA, mais d'ISO, ce qui est la même chose. Tout d'abord, il faut avoir à l'esprit que la taille du capteur (encore...!) influe grandement sur la gestion des hautes sensibilités. Un peu de technique... Chaque élément individuel d'un capteur (photosite) reçoit une certaine quantité de lumière, qui doit être amplifiée et transformée en données numériques. Sur un petit capteur, ces éléments sont très petits et très proches les uns des autres. Si une plus haute sensibilité est demandée au capteur, cette amplification augmente, et il en résulte des parasites nommés «bruit numérique» qui vont se traduire, sur l'image finale, par un manque de piqué et des taches de couleur plus ou moins importantes mais, malheureusement, disséminées de manière aléatoire. Les petits capteurs des compacts et des bridges, avec leurs 10 millions de pixels (et parfois plus encore!), se retrouvent donc avec du bruit numérique dès 200 ISO pour certains... Et ceci même si les constructeurs tentent de minimiser ce phénomène en traitant le signal numérique de façon logicielle, avant même que les données ne s'inscrivent sur la carte-mémoire. Avec plus ou moins de succès d'ailleurs... Sur un capteur beaucoup plus grand, comme celui des reflex, les photosites sont plus grands et, surtout, moins serrés. Les hautes sensibilités vont s'en trouver grandement améliorées... Les constructeurs d'appareils photos sont donc confrontés à un choix assez cornélien: soit ils mettent un maximum de pixels sur de petits capteurs mais au détriment du bruit numérique dans les hautes sensibilités, soit ils mettent moins de pixels afin de maximiser les performances dans les hautes sensibilités. C'est ainsi qu'avec certains reflex haut de gamme, dont les capteurs ne font «que» 12 millions de pixels, on peut trouver des sensibilités allant jusqu'à 22 000 ISO et même 102 400 ISO sur les derniers modèles haut de gamme! Canon a annoncé, sur son dernier modèle pro, une sensibilité de 204 800 ISO... Serait-ce de nouveau la course dans un autre domaine technologique? Ci-dessous, deux photos prises avec un bridge Fuji S9500, avec des focales et des réglages identiques. Seule la sensibilité a été modifiée, 80 ISO à gauche et 1600 ISO à droite. Notez, surtout dans les zones sombres, le bruit numérique... Ci-dessous, agrandissements des deux images précédentes, afin de mieux visualiser les dégradations dues au bruit numérique. Maintenant, même chose ci-dessous avec un reflex (Nikon D90 + objectif 105 Macro f:2.8). A gauche, 200 ISO, à droite 2500 ISO. On distingue un peu de bruit sur la photo de droite, mais très discret... Voyons cela en détails... Ci-dessus à 200 ISO, à droite à 2500 ISO. Le bruit est perceptible, mais très bien maîtrisé tout de même. Grâce à la taille du capteur (et donc à ses plus gros photosites), le résultat est clairement meilleur que sur un compact ou un bridge à petit capteur, même haut de gamme. Conclusion A moins que vous ne possédiez un reflex haut de gamme, attention donc de rester dans des proportions raisonnables lorsque vous augmenterez la sensibilité ISO de votre APN, pour des photos prises avec peu de lumière (intérieurs, crépuscules, forêts sombres, etc.). Trop souvent, vous risquez d'être déçus du résultat. Restez aux alentours de 200 ISO et tentez plutôt d'utiliser un flash et un trépied, sans oublier de régler la balance des blancs... Ne réglez pas votre appareil non plus sur «ISO Auto», sauf si vous photographiez tout le temps par beau temps. Il suffirait que vous fassiez une photo dans un environnement sombre pour qu'elle soit bruitée au-delà du raisonnable. Là, il vaudra mieux que vous choisissiez vous-même une sensibilité plus élevée, par exemple 400 ISO, que les derniers appareils compacts sont désormais capables de gérer très correctement pour certains. Au fait, pourquoi appelle-t-on cela du «bruit», alors que l'on travaille sur des images? Tout simplement parce que ce phénomène avait été découvert au départ dans le domaine de l'acoustique par des ingénieurs du son... |
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